Bon, ben un p'tit (si je peux dire) texte comme ça...

Bon, ben vu que c'est quelque chose que je sais faire, ben voilà un petit (il risque d'être un peu long à lire) texte. Mais je vous avertis, il est pas très "jojo". Mais bon, voici voilà...pis si vous avez quelque chose à dire dessus...ben lâchez-vous lousse !

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Jamais la mer ne m'avait paru si calme. Au loin, le soleil, immense boule jaune se miroitant à la surface de l'eau, s'y engouffrait tout entier. Le ciel était rouge, rouge comme le sang. Comme le sang qui a coulé jadis, il y a longtemps. De lourds nuages noirs, noirs de souvenirs, y flottaient trop bas. Aurais-je même pu les frôler de mes doigts ? Et vers cette dernière lueur dans le crépuscule écarlate s'envolaient une myriade d'oiseaux. Tout était calme. Même la nature ne chuchotait. Tout gardait silence, le ciel comme le sable; les oiseaux comme les cigales; le soleil comme la mer… Et la balançoire était toujours intacte; cette balançoire qui nous avait vus grandir. Mais aujourd'hui, nous ne sommes plus que nous deux, perdus dans le silence de cette nuit d'août.

Le mot solitude n'avait aucune signification pour moi à l'époque. J'étais jeune et naïf. Je vivais pour vivre; je riais pour rire. On l'avait appris à l'école ce mot. «La solitude, c'est l'état d'une personne qui est seule et retirée du monde. Vous avez compris ? », nous avait dit l'enseignante. Et nous avions tous hochés la tête. Bien sûr que nous comprenions ! C'était même plutôt simple à comprendre, non ? En fait, c'est impossible de le comprendre correctement tant que nous ne l'avons pas vécu. La solitude, ce n'est pas que la définition du dictionnaire. C'est bien plus…et bien pire… Aujourd'hui, ce mot tout simple, je l'ai compris, car je l'ai vécu.

Je regrette ces jours d'antan où tout était si simple. Je me levais, prenais mon déjeuner et je partais pour l'école. Et une fois que la dernière cloche avait sonné, je revenais chez moi, je faisais mes devoirs et, avant le souper, je courais jouer avec mes amis. C'était la belle vie…c'était la vie.

Et c'était ce soir-là, exactement seize ans plus tard, que je revenais sur cette plage où sa maison était construite, cette plage que j'ai maudite ô combien de fois. Cette plage que j'aurais voulu oublier. Mais je l'aurais oubliée, elle. Et quelle parjure cela aurait été. Elle qui était ma meilleure amie; elle qui possédait mon cœur; elle qui était une part de mon âme; elle qui était tout.

Et ce soir-là, je me souvenais. Elle se balançait souvent tard le soir devant la mer. Elle adorait les couchers de soleil. Et je la rejoignais et on riait et on parlait. On regardait souvent le soleil plonger dans la mer ensemble. Elle était mon alter ego. Et on marchait sur la plage tous les jours, même quand il pleuvait. L'automne, on s'amusait à ramasser des feuilles de toutes les couleurs imaginables et on les collait dans un grand cahier. Et on faisait des tas de feuilles dans lesquels on sautait. Et l'hiver, on jouait dans la neige: on se bâtissait des châteaux forts et on se lançait des balles de neige comme si c'était des boulets de canon. Et on patinait quand la glace était assez épaisse sur le bord de la rive. Une fois, on a même vu une aurore boréale, une des seules dans la région. Les lumières dansaient dans le ciel: c'était un ballet de couleurs. Le Lac des Cygnes, peut-être ? Parce qu'il faisait froid le soir, on regardait le soleil se coucher de sa chambre: sa fenêtre donnait sur la mer. Et quand le printemps revenait, on allait patauger dans les flaques d'eau et on revenait trempés de la tête jusqu'aux orteils, au grand désespoir de nos mères. Et plusieurs années plus tard, on était les meilleurs amis du monde, impossible de nous séparer. Puis, on s'est aimé. C'était presque inévitable.

À cette époque, on avait quinze ans. Oui, que quinze ans. Et la vie était des plus belles. La crise d'adolescence était bien loin derrière et la chance nous souriait. Peut-être était-ce de la magie. Oui, de la magie pure et simple. Peut-être un ange gardien veillait-il sur nous…

Puis un soir, il y a seize ans exactement, cet ange qui veillait sur nous nous a abandonnés.

Comme toujours, j'étais arrivé chez elle tôt dans la soirée. C'était la marée haute; les vagues venaient presque frapper la façade de sa demeure. La mer était calme: une soirée idéale. Mais ce soir-là, des cris s'élevaient de sa maison. De sa chambre plus exactement. Je reconnaissais la voix de son père…et la sienne, sa douce voix mélodieuse. Il criait. Et elle essayait de se défendre. «Ce n'est pas ma faute puisque je te le dis !» «Menteuse ! Tu n'es qu'une sale traînée ! Hors de ma maison et sur-le-champ !» «Je n'ai rien fait ! Pourquoi tu m'accuses comme ça ?!» «Tu mériterais que je te batte ! Et je devrais le faire !» Puis, des sons d'objets qu'on brise. Et des sanglots, les siens. Et des bruits de coups. Et ses cris, les siens. «Arrête de crier, je te dis !» Et d'autres coups, encore plus forts. Et ses sanglots, encore plus forts. «Je te hais !», criait-elle. Puis, les coups avaient cessé. La fenêtre de sa chambre était ouverte. « Alors tu me hais, hein ?», marmonnait-il. Puis, un déclic. «Tu me hais, hein ?» «Non, ne fais pas ça…» «Tu me hais, hein ? TU ME HAIS !!!» «Papa…» Puis, un bruit sourd emplit l'air: un coup de feu. Et ce soir-là, il y a seize ans exactement, j'ai vu le sang se glisser hors de sa chambre; j'ai vu le sang couler le long du mur; j'ai vu le sang dans sa fenêtre. Et ce soir-là, il y a seize ans exactement, j'ai vu son corps chuter de sa fenêtre, au ralenti comme dans un navet américain. J'ai vu son corps plonger dans la mer haute. Ce soir-là, je l'ai vue mourir. Et je n'ai rien pu faire. J'ai vu les flots l'emporter vers le soleil couchant.

Et j'ai vu la mer se retirer.

Jamais la mer ne m'avait paru si calme. Non. Jamais.

Wow! tu es trop talentueuse Marie-êve, sérieux j'aime ce que tu as écrit, tu t'es inspiré de quoi? Si je peux me permettre de te le demander?

Merci, c'est gentil. En fait, c'est la musique de Fable...et une image qui m'ont inspirée.